L’Outsider

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L’Outsider

A 78 ans, et après avoir raconté beaucoup de belles histoires, Frederick Forsyth attaque le récit de la sienne. Complaisance narcissique ? Il y a un peu de cela, et il faut quelques pages pour se dégager d’une certaine irritation initiale. Cela fait, on retrouve le style sec et accrocheur de l’auteur de Chacal, et on le suit sur les chemins peu ordinaires qu’il a parcourus. Plus jeune pilote de la RAF (il avait alors 19 ans), journaliste parti couvrir le monde pour « échapper à la cravate », Forsyth a été notamment témoin de la guerre civile libanaise, correspondant de Reuters dans la France de l’OAS, poursuivi par des trafiquants d’armes à Hambourg, mêlé à un coup d’Etat en Guinée-Bissau… La Stasi ne l’aimait pas, Israël l’a fêté, l’IRA l’a menacé et une espionne tchèque a fait battre son coeur. Les anecdotes se succèdent, traçant un portrait d’aventurier, quelque part entre le Smiley de John Le Carré et SAS.

La grosse révélation — ou plutôt confirmation — du livre, c’est celle de la collaboration de Forsyth avec les services secrets britanniques. Au Nigeria, en RDA, en Afrique du Sud, il a joué les informateurs et les petits commissionnaires. L’anecdote lui fait rejoindre le club des romanciers espions. S’il est à cent lieues de l’immense talent d’un Graham Greene ou d’un John Le Carré, il est beaucoup mieux informé que le précurseur Erskine Childers ou Ian Fleming, le « père » de James Bond. Cette autobiographie le situe à son juste niveau : habile faiseur, remarquablement documenté.— Hubert Prolongeau

 

The Outsider, traduit de l’anglais par Pierre Girard, éd. Albin Michel, 380 p., 22 €.

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