L’ours est un écrivain comme les autres

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L’ours est un écrivain comme les autres

Certains écrivains n’ont vraiment pas de chance, et Arthur Bramhall est de ceux-là, qui subit deux expériences douloureuses. A peine a-t-il terminé le roman qui devrait faire de lui une star que son manuscrit disparaît dans un incendie. Opiniâtre, il le réécrit et le cache au pied d’un arbre. Or un ours déterre par hasard la précieuse mallette, tombe ainsi sur le brouillon de Désir et destinée… et décide de se l’attribuer et de prendre un agent. Commence alors une fable exubérante, au fil de laquelle on voit peu à peu l’ours devenir un certain Dan Flakes — en hommage aux céréales — et s’humaniser avec constance. Cela tandis que le malheureux Bramhall plonge dans la dépression, au fond d’une caverne qui n’a rien à voir avec celle de Platon.

William Kotzwinkle, l’auteur de ce roman loufoque paru en 1996, est loin d’être un inconnu : il a écrit des polars burlesques (Midnight Examiner), des comédies acides (Fan Man), des nouvelles, une novélisation d’E.T. l’extraterrestre, des livres pour la jeunesse dont une série intitulée Walter le chien qui pète, ainsi qu’un bouleversant roman, Le Nageur dans la mer secrète (traduit aux éditions Actes Sud). Adepte de Richard Brautigan, il s’en donne ici à coeur joie pour brosser le portrait vitriolé d’un certain monde intello-médiatique new-yorkais : les auteurs de best-sellers à deux sous, les attachées de presse surexcitées, les universitaires pédants, les journalistes incultes. Un petit monde dans lequel l’ours devient le nouvel Heming­way, en raison de ses poils et de ses éructations prises pour des citatio­­ns philosophiques. Sous des dehors extravagants, la critique grinçante de la société de consommation à laquelle se livre ici William Kotzwinkle est d’une modernité exemplaire. — Christine Ferniot

 

The bear went over the mountain, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Bru Ed. Cambourakis 310 p., 22 €.

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