Loin des bras

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Loin des bras

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Roman (broché). Paru en 08/2009

Loin des bras

Metin Arditi

La faillite menace l’Institut Alderson, pensionnat suisse pour fils de familles aisées. Un repreneur se propose, qui entend soumettre l’établissement, et ses professeurs, à un audit décisif pour leur avenir. Dans ce huis-clos fait de solitudes collectives, chacun cache une blessure que les circonstances ne tardent pas à mettre à nu. Un roman aux ramifications multiples, à l’orchestration magistrale.
“Une blessure écoute toujours mieux qu’une oreille”, rappelle ici (citant l’écrivain israélien Aharon Appelfeld) un personnage. En se souvenant de ses propres onze années de pensionnat sans pourtant écrire un roman d’enfance, en prenant acte du recul que lui ont conféré sa vie et sa distance d’écrivain, Metin Arditi a transposé le sentiment d’abandon dans les trajectoires et expériences d’un petit cercle de professeurs, qui composent le corps enseignant de l’Institut Alderson.
Au commencement du roman (on est en septembre 1959), ce pensionnat suisse pour gosses de riches venus du monde entier se trouve dans une passe financière difficile. La pittoresque directrice (dite “Abeille ”, inséparable de sa non moins pittoresque jumelle dite “Cigogne ”) annonce aux professeurs qu’il va lui falloir vendre l’Institut à un groupe éducatif américain. Un chargé d’affaires, M. Solcà, a été mandaté pour un audit. Il indique son souhait de rencontrer en tête à tête chacun des maîtres. Il leur posera seulement, dit-il, trois questions : qu’est-ce qui les a amenés à l’Institut, que feront-ils différemment s’ils se voient reconduits dans leurs fonctions, que feront-ils d’autre s’ils se trouvaient in fine congédiés….
L’Institut Alderson est donc un lieu clos, refermé sur sa routine, ses pâles affinités et ses petites haines – et soudain exposé à la menace extérieure. Dans ces circonstances se dévoilent peu à peu, en chapitres courts et extrêmement prenants, la double histoire de ces quelques mois de “crise” et des cicatrices que chacun tient soigneusement dans l’ombre.
Une veuve de mathématicien allemand, boitant bas, et dévorée par le vice du jeu ; un homosexuel honteux, photographe obsessionnel du lac Léman ; un juif autrichien qui a fui sa patrie antisémite et retraduit tout Kafka ; un Français qui s’est compromis sous l’Occupation ; une Italienne qui tait le deuil de son fils adolescent ; un Américain qui a habillé de philosophie non-violente son incapacité à “faire son devoir ” ; un Turc haut en couleurs, amateur de pâtisseries, ancien giton au Palais de Dolmabatché… Autant de personnages qui, avec quelques grands élèves, forment l’essentiel de ce fragment de comédie humaine, aux côtés d’Abeille et de Cigogne — les jumelles Alderson.
On ne dira pas ici ce qu’il adviendra de l’Institut, qui est à sa manière le personnage principal. Comme dans tout roman-fresque, l’auteur manipule simultanément tous les protagonistes, il les contraint à se livrer, à se révéler. Il les pousse à montrer leurs plaies, les “voiles déchirées” avec lesquelles il leur faut bien tenter de reprendre élan, de voguer encore, de prendre équilibre sur l’angoisse.
La solitude est sans doute un thème central de ce roman. Mais aussi le besoin de consolation, qui s’exprime autant dans une sexualité souvent fragile que dans les liens peu exprimés qui pourtant rendent solidaires les personnages, telles de fragiles reconstructions affectives.
Encore faudrait-il qu’eux-mêmes s’estiment dignes d’être heureux…
De livre en livre Metin Arditi gagne en force narrative et il est un raconteur hors pair. Le théâtre, la danse, la littérature nourrissent un récit bondissant, aux ramifications multiples, qui pourtant jamais ne s’écarte de sa magistrale orchestration.

A NOTER
• Parution simultanée : La Fille des Louganis (Babel n° 967)
• La Fille des Louganis : 15 500 ex. au 5 mai 2009

L’AUTEUR
Né en 1945 à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Ingénieur en génie atomique, il a enseigné à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
Chez Actes Sud, il est l’auteur de Dernière lettre à Théo (“Un endroit où aller”, 2005), La Pension Marguerite (2006 et Babel n°823, Prix Lipp Suisse 2006), L’Imprévisible (2006, Prix de la Radio Suisse Romande 2007), Victoria-Hall (Babel n° 726) et de La Fille des Louganis (2007, à paraître en Babel n° 967)

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