Loïc Sécheresse

Ajouter un commentaire

Loïc Sécheresse

A le voir plonger dans le tintamarre de vannes graveleuses et de défis à la testostérone qui accompagne Jeanne d’Arc en campagne, on se dit que l’auteur ne serait pas le premier à vouloir confronter le mythe à la réalité très ­rustique de l’époque. Sauf que, dans un ­remarquable contre-pied, il montre surtout la fascination exercée par la Pucelle sur ses capitaines, chevaliers par l’armure et la bravoure, mais soudards sans foi ni loi de formation. En s’attachant à l’un d’eux, Etienne de ­Vignolles dit La Hire, l’auteur a choisi le bon cheval, si l’on ose dire, pour déployer un récit en forme d’allégorie : la brute domestiquée par l’illuminée. Loïc Sécheresse ne s’est pas aventuré en aveugle sur ce terrain-là, rappelant au passage que, dans cette guerre de Cent Ans, pour un La Hire, la haine viscérale de l’Anglais comptait autant que les prédictions de la petite Jeanne pour stimuler l’ardeur au combat de sa garde rapprochée. Mais il ne tient vraiment qu’à lui que l’épique et le grotesque se télescopent, que la truculence des situations et l’anachronisme délibéré de dialogues survitaminés se jouent des idées toute faites.

Ce que Sécheresse raconte n’a de sens, en réalité, qu’à l’aune du spectacle qu’il en tire. Comme dans Raiju (2008) et Raiden (2009), librement inspirés de la mythologie du Japon médiéval, l’univers débordant d’énergie de Heavy Metal trouve sa juste (dé)mesure dans un art unique de la cascade visuelle et du mouvement qui déplace les lignes. Les physionomies se convulsent et les perspectives se distordent, comme électrocutées par un trait à la plume sous haute tension : c’est dans cet hyperréalisme épileptique que Loïc Sécheresse réussit le tour de passe-passe de décalquer l’Histoire en comédie tout simplement jubilatoire.

Commandez le livre Loïc Sécheresse

Laisser une réponse