Listen to this, la musique dans tous ses états
Les mélomanes américains ont de la chance. Grâce au New Yorker, prestigieux magazine culturel qui vient de fêter ses 90 ans, ils découvrent à chaque parution les « papiers » d'actualité d'un critique musical hors norme, le boulimique Alex Ross, juvénile touche-à-tout aux approches de la cinquantaine. D'une érudition à la fois gargantuesque et dominée, s'étant essayé à la composition avant d'opter pour le reportage au long cours, cet allègre bourreau de travail passe aussi bien trois semaines avec Björk dans son studio acoustique de Reykjavik qu'un mois à Marlboro, au coeur du Vermont, avec Mitsuko Uchida, pianiste austro-japonaise qui a pris la direction du festival créé jadis par Adolf Busch et Rudolf Serkin. Les grands mots, mais d'abord de grands moyens – la presse d'outre-Atlantique offrant des ressources hors de portée financière des médias européens. En 2007, un premier recueil d'articles, sous un titre détourné des derniers mots d'Hamlet, The Rest is noise, s'est hissé jusqu'aux Top 10 de Time magazine et du New York Times. Actes Sud, qui en avait publié la traduction, a réédité l'exploit avec un second volume, Listen to this, confié au même traducteur, Laurent Slaars, d'une vaillance littéraire à l'unisson de son modèle. Plus encyclopédique que le premier, ce nouveau volume brosse d'évocateurs portraits de compositeurs, de Mozart à Verdi en passant par Schubert – les hypothèses sur sa psyché profonde reprises par Alex Ross peuvent éclairer Les Impromptus, tels que François Chaplin les joue. Oui, « écoutez ça » ! — G.M.
Listen to this, la musique dans tous ses états, d'Alex Ross, traduit par Laurent Slaars, éd. Actes Sud, 512 p., 29 €.
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