L’invité mystère

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L’invité mystère

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Roman (broché). Paru en 10/2012

L’invité mystère

Grégoire Bouillier

Ceux qui avaient apprécié (ou adoré) le premier livre de Grégoire Bouillier, Rapport sur moi (Prix de Flore 2002, texte autobiographique grinçant signé par un quasi-inconnu de quarante-deux ans), apprécieront également (ou adoreront) son deuxième livre, récit de 92 pages à la trame singulière a priori superficielle : Grégoire Bouillier se retrouvant, au début des années 90, « invité mystère » lors de l’anniversaire de l’artiste Sophie Calle, suite à l’énigmatique sollicitation de son ancienne petite amie, qui ne lui avait plus donné signe de vie depuis des lustres et dont l’amour, évidemment, le secoue toujours…

Une fois passée l’entame sentimentale du livre (un homme fragile enfermé chez lui, un coup de fil d’outre-tombe de la part d’un fantôme d’amour le jour de la mort de Michel Leiris, la mystérieuse invitation de son ex, les tourments qui reviennent au galop, etc.), le lecteur suivra donc la conscience – tout en méandres auto-sarcastiques – de Grégoire Bouillier, jusqu’à ce qu’il se pointe à-la-fête-à-Sophie une bouteille de Margaux grand cru sous le bras. Là, il y aura l’Aimée, quelques freaks mondains en toile de fond, Sophie Calle herself, du champagne et des petits fours, et même une émouvante poignée de main à Hervé Guibert…

Une sorte de bal des têtes pour le temps présent, comme celui auquel assista Marcel Proust dans Le Temps retrouvé ? Oui, sur un mode très moderne, faussement people, qui creuse la question du hasard objectif (pourquoi ce coup de fil d’un amour-mort-qui-continue-de-vivre ? pourquoi cette invit’ un peu ridicule chez Sophie Calle, qui contactera d’ailleurs son invité mystère dix ans plus tard, en 2002, année de la publication de Rapport sur moi ? Bref, pourquoi tous ces liens ? Y aurait-il une logique sous-jacente à la notion d’événement, c’est-à-dire précisément ce qui arrive ou encore ce qui arrive à Grégoire Bouillier ? Et si ce qui arrive avait pour cause unique le langage, voire la littérature, en ce jour où Virginia Woolf fera elle-même une apparition bien mystérieuse ?…

Un très joli petit livre sur la causalité souterraine du réel, dont le seul défaut est d’abuser de l’agglutination coquette de la coordination « et » pour marquer stylistiquement le flux ininterrompu, dans l’esprit et par l’écriture, des choses, des êtres, et des êtres dans les choses ; un très joli petit livre, aussi – il serait dommage de ne pas le mentionner –, qui a l’élégance d’utiliser, page 60, l’adjectif « arénacé » (« qui a les propriétés du sable », nous dit le Littré) : (« (…) je regardais mes mains et retournais mes paumes et il me sembla voir ma vie qui s’écoulait entre mes doigts comme une fine pluie arénacée et cela ne me faisait rien. »), mot rare dont la première occurrence dans la langue française est relevée chez Lautréamont, au chant V des Chants de Maldoror. 

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