Lignes de fuite

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Lignes de fuite

Pas de gras, pas de rides, l'écriture de John Harvey (76 ans et une santé de gentleman) est un modèle d'élégance, dans ce monde du polar où l'on aime trop souvent la description interminable et les mises en scène tonitruantes. L'homme est un touche-à-tout : poésie, théâtre, scénarios, livres pour la jeunesse… et polar. Deux personnages centraux dans Lignes de fuite : Karen Shields, une inspectrice d'origine jamaïcaine, et Trevor Cordon, un flic en fin de carrière. Karen enquête sur la mort d'un jeune homme retrouvé dans un étang à Hampstead Heath, au nord de Londres. De son côté, Trevor, qui s'étiole dans la police de proximité, veut aider une fille qu'il a rencontrée jadis, alors qu'elle se droguait et se prostituait. Karen et Trevor n'ont rien en commun, mais leurs affaires vont se croiser, entre Londres et la Cornouaille, du côté des gangs ukrainiens… Quand Cordon est sombre, il écoute Mingus ou Gillespie en buvant du scotch. Lorsque Karen rentre chez elle, c'est un verre de vin rouge qu'elle s'offre, et pour se remonter le moral, elle met un CD d'Aretha Franklin. Ces détails sont, pour Harvey, une manière subtile de densifier ses personnages sans se perdre dans la psychologie. Le romancier ausculte la société britannique, et la regarde à hauteur d'homme, préférant le dialogue piquant à la diatribe sociale, le réalisme mélancolique aux effets de manche. Cet écrivain joue juste quand il a le blues.

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