L’Homme qui marche

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L’Homme qui marche

Le premier roman d’Yves Bichet, paru il y a vingt ans, s’intitulait La Part animale. Dans son dernier opus, l’auteur continue de scruter l’animalité dans l’homme, que celui-ci soit un marginal, un moine chartreux ou un patron de bistrot. Voici Robert Coublevie, un marcheur qui parcourt « jour après jour le même chemin, sillonnant les pays d’altitude, suivant pas à pas, [s]on bout de frontière Italie-France, au mètre près ». Robert est un arpenteur mélancolique depuis que sa femme l’a quitté, cinq ans plus tôt, pour un prof de gym. Avec sa petite chienne, Elia, qui porte le prénom de son épouse volage, il explore les sommets puis rentre en ville par le bus pour y retrouver la société, le Café du Nord et ses vieux habitués, à l’heure du blanc limé.

On se croirait parfois dans un solide roman naturaliste, avec le bar des alcoolos, le patron et sa trop jolie fille, le serveur qui passe sa vie à essuyer les verres et le douanier aux souliers affreusement jaunes. Mais Yves Bichet préfère les histoires qui se perdent dans les détails plutôt que les fictions rondement menées. Face à l’agent des douanes, son héros s’amuse à polir des mots, sortir des phrases de nulle part comme : « Penser à l’amour est la seule façon de souffrir correctement. » Tantôt en pleine discussion métaphysique avec son pote de la Grande Chartreuse, tantôt assailli de souvenirs sentimentaux qui lui font mal au bas-ventre, Robert Coublevie est peut-être le dernier homme libre. En accompagnant son « chemineau », qui préfère l’odeur des gentianes de printemps à toute autre chose, Yves Bichet réussit un roman hybride et fascinant. L’histoire d’un homme qui a tout compris : la beauté de la nature, l’impureté des hommes et la possibilité d’un dieu.

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