L’Homme à la voiture bleue

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L’Homme à la voiture bleue

Le titre est un clin d’oeil à un roman et surtout un feuilleton radiophonique célèbre, L’Homme à la voiture rouge. Et l’on peut s’amuser à voir un signe métaphorique dans le changement de couleur, le passage du rouge au bleu. Le rouge la ramène, pétarade et embrase, il vous met à feu et à sang. Le bleu est plus calme, plus discret, mélancolique aussi, ne dit-on pas « avoir le blues » ? Et voilà donné le ton de ce beau roman pour adolescents, une histoire parfaitement maîtrisée, variation sur les codes du roman policier, beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît au premier regard.

Un jeune garçon, Antoine, ne peut accepter que son demi-frère, Victor, ait été jeté en prison. Il ne croit pas en sa culpabilité, il « sait » qu’il ne peut être l’auteur du crime dont on l’accuse. Comprenant qu’il ne pourra compter ni sur ses parents, ni sur les policiers chargés de l’enquête, il se lance seul à la recherche de la vérité, et prend tous les risques. L’intrigue est piquante et vivement menée, mais l’intérêt est ailleurs. Au fil de ses pérégrinations, le jeune héros découvre un monde adulte peu reluisant. Préjugés, individualisme, repli sur soi, peur de l’autre, manque de courage et d’énergie. Symbolique à cet égard est la résidence où vit sa famille, entourée de barbelés, hautement sécurisée, avec lecteur de badge et gardien à l’entrée. Une prison dorée qui fait écho à celle, aseptisée et inhumaine, où est enfermé le demi-frère innocent. Roman bleu, court et économe de ses mots, ce texte est lumineux, aussi. Antoine finira par sauver Victor et provoquera le sursaut de ses parents, un retour commun à la vie et à la liberté. Le bleu est d’abord la couleur du ciel, symbole d’ouverture et d’espérance. — Michel Abescat

 

Ed. Syros, coll. Rat noir 192 p., 13,50 € A partir de 13 ans.

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