Lettres à sa voisine

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Lettres à sa voisine

« Si souvent je vous donne le contrecoup de mes ennuis en vous faisant demander quand mes crises d’asthme sont par trop fortes de me procurer un peu de silence », fait-il mine de se repentir… Au deuxième étage du 102, boulevard Haussmann, à Paris, où il s’était installé après la mort de sa mère, Marcel Proust vécut douze ans – de 1907 à 1919. Au-dessus de chez lui, le cabinet d’un dentiste américain, Charles D. Williams, et l’appartement où le docteur vivait avec son épouse, « une artiste, très distinguée, très parfumée, qui était une grande admiratrice de Monsieur Proust et le lui avait écrit », a témoigné plus tard la fidèle Céleste, dans son Moi Céleste Albaret, gouvernante de Marcel Proust. Avec les époux Williams, et tout particulièrement Mme Williams, Proust a entretenu une correspondance dont on ignorait récemment encore l’existence. « Un vrai petit roman », écrit avec justesse Jean-Yves Tadié, à propos de ces vingt-trois lettres de l’écrivain – celles que lui adressèrent les Williams ont disparu -, datées de 1908 à 1916, où la question du bruit, pour lui insupportable, revient comme un leitmotiv, un grief au long cours, une plainte récurrente quoique enrobée toujours de mille suaves, ravissantes ou humoristiques précautions oratoires. Là n’est pas le seul charme de ce savoureux opus dans lequel, à ces considérations domestiques, se mêlent des confidences plus graves sur l’écriture – La Recherche et la façon dont, explique Proust à Mme Williams, chaque nouveau volume paraissant « éclaire » ceux qui l’ont précédé -, sur l’art, sur la guerre et la peur d’y perdre des proches. Sur la peine inguérissable liée à la mort de sa mère – « je traîne déjà dans ma pensée tant de morts dissoutes, que toute nouvelle fait sursaturation et cristallise tous mes chagrins en infrangible bloc ».

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