Lettres à Eugène

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Lettres à Eugène

« Ni recueil de correspondance (à part les lettres à Eugène Savitzkaya s’il le souhaite) ni entretien », avait prévu Hervé Guibert, préparant quelques semaines avant sa mort, en 1991, la publication posthume de ses inédits. La mise à part, parmi ses écrits non publiés, de cette correspondance que les deux écrivains ont entretenue durant dix ans, de 1977 à 1987, dit son statut particulier. Qu’éclaire un texte de 1982, « Lettre à un frère d’écriture », sorte de missive publique, parue dans la revue Minuit, que Guibert adressait à Savitzkaya. « As-tu compris ce qui se passe en ce moment de mon côté ? Il me manque un interlocuteur, et je t’ai élu, peut-être à tort, comme tel… Je rêve d’une fraternité d’écriture et ce n’est même pas que cette lettre ait le vouloir de te le faire partager : je suis ton fiancé secret, ton prétendant, et qui aura du mal à se déclarer », y écrivait l’auteur de La Mort propagande.

C’est en 1977, au moment de la parution du premier récit de Savitzkaya chez Minuit, que s’est noué, de façon épistolaire d’abord, le contact entre les deux garçons de 22 ans. La suite de leur échange est d’ordre amoureux — Guibert pressant, empressé, enflammé, suppliant, Savitzkaya distant, secret, silencieux souvent. La partie engagée semble inégale, le jeu mal distribué — mais quel est-il vraiment, ce jeu ? La « Lettre à un frère d’écriture » donne ici une précieuse clé, et nous offre de comprendre combien désir, sexe et écriture ont profondément et intrinsèquement partie liée. — Na. C.

 

Ed. Gallimard 144 p., 15,90 € Paraît aussi, d’Hervé Guibert, le recueil Vice,éd. L’Arbalète-Gallimard, 136 p., 16,90 €.

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