Nobody Owens n’est pas un garçon comme les autres. Seul rescapé du massacre de sa famille, il est recueilli tout marmot par les fantômes du cimetière de la petite ville anglaise où il a vu le jour. L’enfant grandit entre les pierres tombales et fait l’apprentissage de la vie dans la seule compagnie des défunts et de leurs souvenirs. Protégé par les morts qui lui enseignent l’art de disparaître, Bod court cependant un grave danger dès qu’il met le nez hors de la nécropole. Machiavélique, infiniment patient, le tueur de ses parents l’attend…
Publié en 2008, The Graveyard Book, assez curieusement traduit en français par L’Etrange Vie de Nobody Owens, est un petit chef-d’oeuvre de littérature fantastique sorti de l’imagination fertile de Neil Gaiman. Tout-terrain, cet habile conteur officie autant pour les comics (il est l’auteur de la remarquable série The Sandman, chez Urban Comics) que pour ces romans dits « jeunesse » que les adultes s’empressent de lire et qui finissent en superproductions hollywoodiennes… Comme ses « collègues » plus renommés J.K. Rowlings, Philip Pullman ou son vieil ami Alan Moore, Gaiman est un Anglais pur jus bercé par les nursery rimes, Peter Pan, Lewis Carroll, le roman gothique, Le Seigneur des anneaux, et même Rudyard Kipling. Des inspirations assumées qui n’empêchent en rien L’Etrange Vie de Nobody Owens d’être une oeuvre puissamment originale.
Pilotée par le vétéran du comics P. Craig Russell, qui avait déjà officié sur Sandman, son adaptation en bande dessinée est un modèle du genre. Malgré la multiplicité des dessinateurs, l’unité graphique et surtout l’inspiration qui lorgne souvent l’Art nouveau ne sont jamais prises en défaut. Ciselées, jouant avec les dimensions et le clair-obscur, certaines vignettes rendent ouvertement hommage à Winsor McCay et à son Little Nemo. — Stéphane Jarno
Ed. Delcourt, 2 volumes, 198 p. chacun, 20 €.
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