L’Été Diabolik

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L’Été Diabolik

Diabolik était un secret bien gardé. Une BD italienne pour adultes apparue au début des années 1960, qui mettait en scène un genre de Fantômas, expert dans l’art du crime et du travestissement. Pétri de violence, de mystère et d’érotisme, ce fumetto qui circulait sous le manteau a nourri les fantasmes de générations d’adolescents. En plaçant leur album sous de tels auspices, Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse donnent le ton et quelques clés pour déchiffrer une histoire apparemment simple, et pourtant truffée de fausses pistes, d’indices et de chausse-trapes. 1967, Antoine passe comme il peut l’été de ses 15 ans. Seul en vacan­ces avec son père, le garçon un brin timide partage son temps entre les courts de tennis et la piscine de riches amis où se prélasse Joan, une Américaine peu farouche. Il y a aussi Eric, le copain déluré, et Michèle, l’élue de son coeur, devant laquelle il se consume en silence. Parti comme un joli roman d’initiation, de sentiments confus et d’états d’âme en montagnes russes, L’Eté diabolik se mue peu à peu en une sordide histoire d’espionnage et de règlements de comptes sur fond de guerre froide. Trait d’union inattendu entre l’univers désenchanté des premiers Sagan et celui, dur, froid et inquiétant, de John Le Carré, cet album s’interroge, comme le précédent, Souvenirs de l’empire de l’atome, sur la réalité des sentiments qui unissent deux personnes. Amour, amitié, piété filiale, tendresse paternelle : qu’y a-t-il derrière les sourires, la tendresse et la complicité ? Beaucoup d’illusions, parfois, et pour Antoine une vie à reconstruire… Malgré le magnifique graphisme « gommettes », ces couleurs pétantes et ces formes géométriques empruntées aux années 1960, L’Eté diabolik n’a rien d’une bluette. — Stéphane Jarno

 

Ed. Dargaud. 168 p., 21 EUR.

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