Les Suprêmes

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Les Suprêmes

Odette, Barbara Jean et Clarice ont passé la cinquantaine, vivent dans l’Indiana et possèdent une sacrée énergie pour affronter le temps, les maris, les souvenirs et les douleurs. Adolescentes, on les surnommait déjà Les Suprêmes, en hommage aux chanteuses de Baby Love, Diana Ross en tête, célébrées dans ces années 1970. Le nom leur est resté.

Odette possède le caractère affirmé de sa mère, qui voulait être la première Noire à accoucher dans un hôpital public. Cette battante a pris l’habitude de se lever la nuit pour discuter avec ses fantômes dans la cuisine. Barbara Jean est restée la plus jolie femme du coin, celle qui attirait les garçons comme des mouches et choisit de se marier avec un vieil et riche entrepreneur. Quant à Clarice, elle est toujours avec ce coureur de Richmond, pour qui elle a sacrifié une carrière de pianiste.

Dans ce roman — son premier —, Edward Kelsey Moore, 53 ans, ne se contente pas d’enfiler les anecdotes entre filles, façon « chick lit » en sucre glace. Grâce à des allers-retours dynamiques, il conte l’histoire de l’Amérique côté province, dans la petite ville de Plainview. Il évoque des phénomènes historiques : la ségrégation raciale, les années de libération hippie, la modernisation des quartiers noirs, l’ascenseur social pour les uns et la paupérisation pour les autres… Mais il n’oublie jamais ses héroïnes, qui luttent pour conserver un semblant de liberté individuelle. Chez Big Earl, le restaurant où elles se retrouvent régulièrement, les éternelles copines continuent de se traiter « avec délicatesse », complices bienveillantes de leurs vies moyennes.

L’écriture ne fait pas de manières, laissant toute la place à ces personnages bouillonnant de volonté, en dépit d’un quotidien aléatoire qui ne laisse pas de place aux miracles. — Christine Ferniot

 

The Supremes at Earl’s All-you-can-eat, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cloé Tralci, avec Emmanuelle et Philippe Aronson Ed. Actes Sud 320 p., 22,80 €.

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