Pourquoi les existences, soudain, peuvent-elles bifurquer ? Que se passe-t-il dans les têtes et les corps qui provoque des ruptures définitives et insoupçonnées ? Chez le héros, d'abord, ce Paul Hartmann à la quarantaine amère, qui a choisi de troquer la philosophie, qu'il enseignait sans y croire, contre la vente en boutique de vêtements pour femme ? Chez ce vieux psychanalyste ensuite, qui inspira tant le jeune Paul lors de son service militaire, autrefois, et qui semble ne s'être jamais tout à fait remis de sa guerre d'Algérie ? On le découvrira tout au long de ce bref et dense second roman, qui conte les remords et les regrets, les peurs, les lâchetés et les culpabilités capables de faire basculer toute une vie. Mais est-ce vraiment du « mal » dont il s'agit, comme l'indique le titre (peu engageant) du récit ? Ou plutôt des ratages, des incapacités ordinaires de personnages qui ne sont pas aussi héroïques qu'ils l'auraient rêvé ? Malgré quelques excessifs coups de théâtre, on s'attache fort à ces deux destins d'hommes brisés, à ces amours incendiées, à ces comptes avec soi-même jamais réglés. Ce sont eux, justement, qui font aussi le prix et la poésie funèbre de nos vies.
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