Les Pieds-Noirs à la mer

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Les Pieds-Noirs à la mer

L’Algérie, il a grandi avec le souvenir qu’en a perpétué sa famille pied-noire : celui d’une blessure, d’une colère, d’un exil humiliant et sans retour, à l’été 1962. Vingt-trois ans plus tard, en 1985, rien n’a changé. Daniel, de passage chez ses grands-parents, retrouve, avec leur chaleureuse affection, leur racisme instinctif, viscéral, vis-à-vis des « bicots », des « bougnoules », des « gris ». Il cherche à comprendre, à démonter les paradoxes d’une histoire familiale, où ce grand-père antisémite en paroles a épousé une Juive de Constantine, où celle-ci parle arabe comme elle respire mais est accablée à l’idée qu’un autre de ses petits-fils épouse une Algérienne (« Que le cul lui tombe dans un panier d’oursins », lâche-t-elle). Le dilemme pour Daniel, c’est qu’il est autant attaché à son « pépé » qu’il rejette son mépris des Arabes.

Qu’à l’époque Fred Neidhardt (né en 1966) ait ressemblé de près à ce Daniel de 19 ans, probable. Mais comme dans ses précédents récits personnels (La Peur du rouge, Pattes d’eph & col roulé), ses personnages à têtes d’animaux reflètent la complexité humaine et tirent l’autobiographie romancée hors de toute nostalgie. L’auteur pratique un « art de pincer sans rire » (dixit Joann Sfar dans sa préface), et prend du même coup une distance lucide et sereine, avec le règlement de compte ou les bons sentiments. Au fil d’une chronique truffée de pépites de réel d’épo­que, excellemment dialoguée à l’oreille, Neidhardt dégage, au-delà des préjugés, indéfendables, la vérité crue et tou­chan­te de « petits Blancs » en porte-à-faux avec l’Histoire.

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