Les Nuits de Reykjavik

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Les Nuits de Reykjavik

Depuis quelques années, on avait le sentiment de voir Erlendur Sveinsson s’éloigner. Le héros douloureux d’Arnaldur Indridason avait vieilli au fil des enquêtes, obsédé pour toujours par la disparition de son jeune frère, se sentant définitivement coupable de ne pas être à la hauteur, dans sa vie personnelle et professionnelle. Avec Les Nuits de Reykjavik, le romancier entame un brusque et bienvenu retour en arrière, en décrivant la toute première affaire d’Erlendur, flic sans galon maraudant chaque soir dans les rues de la capitale islandaise.

Le jeune patrouilleur a 28 ans, le pas élastique, la silhouette musclée. En cette année 1974, il vient d’entrer dans la police, relégué aux tapages nocturnes, aux hommes avinés et aux femmes battues. Mais son sens du devoir, son désir de rédemption le placent déjà au-delà des règles du métier. Un clochard noyé dans une tourbière, une femme disparue suffisent à enflammer cet enquêteur de l’impossible, cherchant toujours une raison sensible, un élément charnel pour expliquer un geste ou une intuition. Dans ce beau livre — le treizième traduit en français —, Indridason brosse le portrait d’un homme qui sait déjà qu’il n’échappera plus à ses obsessions, éternellement à la recherche des disparus, dans une certaine « mélancolie familière ». Loin des auteurs en panne d’inspiration, prêts à jouer le jeu du préquel, le romancier livre sans doute l’un de ses meilleurs romans. — Christine Ferniot

 

Reykjavíkurnætur, traduit de l’islandais par Eric Boury, éd. Métailié, 260 p., 20 €.

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