Les livres aident aussi à reconstruire Haïti.

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Un an après le tremblement de terre, les Haïtiens ont plus que jamais besoin de toits et de soins, mais manifestent toujours un immense appétit pour la culture et l’éducation comme en témoigne le chercheur Patrick Weil, spécialiste de l’immigration et président de l’association Bibliothèques Sans frontières.

Dans un pays en partie détruit qui se bat pour sa survie, avec une épidémie de choléra et d’immenses besoins en tous genres, l’urgence d’envoyer des livres est-elle comprise par tous ?
Patrick Weil : en France, on nous pose effectivement souvent la question. Mais pas en Haïti ! Manger, dormir, se soigner bien sûr. Mais chacun a envie aussi de faire fonctionner son cerveau. La culture est profondément enracinée dans cette société et même ceux qui ne savent pas lire révèrent les écrivains haïtiens. Le rapport à l’éducation, aussi, est fondamental : les plus pauvres sont prêts à payer cher pour envoyer leurs enfants dans des écoles privées.

Les bibliothèques et les centres culturels ont souvent été détruits ou endommagés.Très peu ont rouvert. A qui destinez-vous votre aide ?
A la population des camps, en premier lieu, à qui nous avons envoyé 30 000 livres, depuis un an. Ce travail va se poursuivre avec un « kit bibliothèques » que nous mettons sur pied avec des ethnopsychiatres ; le but est d’organiser des activités avec des jeunes de 5 à 15 ans et de favoriser le travail de deuil, notamment, grâce à la lecture de livres, dont la moitié seront en créole. Nous espérons toucher trois cents camps de Port-au-Prince et de sa région.

Nous aurions pu faire des envois beaucoup plus massifs grâce aux dizaines de milliers de livres que nous donnent régulièrement les éditeurs et les distributeurs français, mais la reconstruction des infrastructures n’a quasiment pas commencé. A l’université, par exemple, les livres ne peuvent être encore stockés que dans des locaux très provisoires ; nous avons donc préféré envoyer un nombre réduit d’ouvrages (400 à 500 pour chaque discipline) pour constituer de petites bibliothèques de référence. En partenariat avec l’Université d’Etat d’Haïti nous mettons aussi en place une bibliothèque numérique : dans quelques semaines, à la fac des sciences, une centaine d’ordinateurs équipés seront à disposition des étudiants.

A plus long terme, Bibliothèques Sans frontières (BSF) travaille aussi à la création d’une future bibliothèque universitaire de Port-au-Prince ; à Paris, l’Ecole normale supérieure devrait nous fournir 150 000 volumes ; elle va aussi aider à former, en 2011, vingt bibliothécaires. Ils viendront en France pour des stages de quatre mois.

Encouragez-vous les dons de livres par les particuliers, en France ?
Oui, mais je conseille à tous de consulter notre guide du don de livre sur le site de BSF, car tous les ouvrages ne correspondent pas aux besoins de nos partenaires. Et puis il faut savoir que chaque livre donné nous « coûte » un euro : c’est la somme nécessaire pour assurer la collecte, le tri, la sélection et l’envoi d’un titre dans une bibliothèque bénéficiaire.

http://www.bibliosansfrontieres.org/

Source: Télérama

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