Aux lectrices passionnées de sagas romanesques, cette dernière livraison de la jeune Américaine J. Courtney Sullivan ! Pourquoi « lectrices » ? Pourquoi les femmes aimeraient-elles davantage cette superbe traversée de la vie américaine de 1947 à 2013, via cinq personnages ordinaires mais magnifiques dont… un pompier paumé ? Parce que la romancière de 32 ans — dont on avait déjà dévoré Maine et Les Débutantes — a le chic pour pimenter d’inhabituels portraits psychologiques de détails non seulement politiques, sociologiques, mais aussi futiles. Bref, paradoxaux et épatants. J. Courtney Sullivan est aussi journaliste au New York Times, et sait élégamment associer d’exemplaires histoires de couple avec des clins d’oeil à ce qui fait la culture d’aujourd’hui. Ainsi reconnaît-on à travers le destin de la publicitaire Frances une possible héroïne de la série Mad Men, dans d’autres, de Desperate Housewives… Sans que cela n’ôte rien à l’originalité de notre conteuse, qui met admirablement en scène non seulement un modèle économique occidental en crise, mais tout un modèle familial en panique… Si le fameux slogan de Frances « Un diamant est éternel » sert de contrepoint à ces histoires d’amour souvent calamiteuses, le chagrin et le désir d’amour, s’y portent avec une délicieuse mélancolie.— Fabienne Pascaud
The Engagements, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne-Laure Paulmont et Fredéric H. Collay Ed. Rue Fromentin 478 p., 23 €.
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