Les Hommes révoltés

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Les Hommes révoltés

Maître-mot des politiques gouvernementales et des programmes politiques de droite comme de gauche, la « réforme » habille tous les discours. Il fut pourtant un temps où, chez les socialistes, le terme de réforme justifiait un mode d’intervention différent de celui que prophétisaient ses opposants qui prônaient l’action radicale — la révolution. L’historien Emmanuel Jousse le montre dans cet essai : réforme et révolution composent le couple théorique qui a longtemps agité les congrès et animé les ­réflexions. Comment améliorer le sort de la classe ouvrière ? Quelle voie suivre pour imposer les revendications ? Pourquoi opter pour le réformisme sans évacuer pour autant l’hypothèse révolutionnaire ? Ces débats qu’analyse Emmanuel Jousse ont longtemps mobilisé et divisé militants et personnalités de premier plan des familles socialistes. L’historien reprend les arguments des uns et des autres, rappelant l’ampleur des controverses et soulignant à quel point l’articulation d’un mode d’action commun fut compliquée à trouver. La république oublieuse de la question sociale était fustigée par les plus intransigeants, refusant la participation d’un socialiste à un gouvernement « bourgeois ». Les réformistes, en revanche, soutenaient qu’il fallait mettre « un pied dans la place » pour obtenir des avancées concrètes. Alexandre Millerand, Albert Thomas, Jean Jaurès furent parmi les penseurs qui tentèrent de bâtir une cohérence politique au réformisme, cherchant à le combiner avec la révolution afin de ne pas creuser les fractures entre les courants socialistes. Le livre met ainsi en évidence le fait que le socialisme réformiste fut « une éthique de la discussion », adossée à une philosophie de la liberté et refusant le fatalisme d’une société figée dans ses inégalités. — Gilles Heuré

 

Ed. Fayard, 466 p., 23 €.

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