Les Cahiers japonais

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Les Cahiers japonais

Les carnets de voyage au Japon sont devenus un sous-genre. Biberonnés au cinéma d’Ozu ou aux films des studios Ghibli, fans d’Hokusai ou d’Akira, nombreux sont les dessinateurs occidentaux à faire le pèlerinage et à en ramener des brassées d’images. Parfois très réussis, ces bouquets d’impressions, de fragments, ont la saveur et l’enthousiasme des herbiers de notre enfance. Igort, lui, fait dans l’ikebana, cet art japonais de la composition florale où tout est pensé et choisi. Récit d’apprentissage, ses Cahiers japonais relatent la passion du dessinateur italien, sa fascination pour ce pays, sa culture, son mystère. Recruté par le plus grand éditeur de mangas du pays, Kodansha, en même temps que d’autres dessinateurs européens (Baru, Loustal, Baudouin, Boilet), Igort pose pour la première fois le pied sur le sol japonais en 1991. D’autres séjours suivent, qui lui permettent de parfaire sa connaissance de l’histoire, de l’esthétique, des usages locaux, et de mieux se connaître.

Ascèse, étude, discipline, solitude : ce grand lecteur de Mishima et de Tanizaki vit ses intermèdes dans « l’empire des signes » comme une expérience purificatrice, une initiation. Mais le moine guerrier des pinceaux découvre aussi douloureusement que la carte n’est pas le territoire et que le Japon d’aujourd’hui ne s’embarrasse pas des vieilleries… Reste un chant d’amour érudit aux teintes ocre et sépia, des planches dessinées tout en délicatesse où Igort nous livre les clés de son panthéon. Des pages splendides qui lient avec justesse le poète Basho, Seijun Suzuki le cinéaste maudit, Hokusai, les chrysanthèmes, le wabi-sabi, les burakumin, parias de la société nipponne, et la magie de Miyazaki. — Stéphane Jarno

 

Ed. Futuropolis, 184 p., 24 €.

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