Les Anges radieux

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Les Anges radieux

Le titre original de ce roman, le premier qu’écrivit William T. Vollmann, contient le mot cartoon. Et il est vrai que ce livre, aussi passionnant que foutraque, aussi inspiré que lassant, aussi débordant qu’incontrôlé, évoque davantage le dessin animé d’un Chuck Jones sous substances que ce qu’on a coutume de nommer la fantasy, genre dont l’Américain fait éclater les fragiles coutures. Dès 1986, William Vollmann — il avait 27 ans — jetait les bases de son univers formel et thématique : un verbe sans limites, un mélange de styles et de genres, une relecture épique de l’histoire américaine… Le narrateur du livre est un programmeur qui fait revivre ses héros en appuyant sur la touche « résurrection » de son ordinateur. Et le roman est conçu comme un gigantesque jeu vidéo, où il affronte un démiurge nommé Big George. La guerre qu’ils se livrent par jeu interposé oppose des insectes à apparence humaine aux partisans de l’électricité…

Ce point de départ délirant amène Vollmann à créer aussi bien des épisodes truculents que des métaphores politiques. Tout n’est pas réussi : l’allure grotesque des personnages tue souvent l’émotion, de nombreux passages sont superfétatoires, le duel entre les deux démiurges est exagérément confus. Mais il y a là une puissance inventive, une générosité qui annoncent déjà ce que seront, toujours baroques et demesurés, mais maîtrisés, les romans suivants, Central Europe ou La Famille royale. — Hubert Prolongeau

 

You bright and risen angels : cartoon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claro, éd. Actes Sud, 832 p., 26 €.

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