Les Amygdales

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Les Amygdales

Ni livre de journaliste, ni autofiction à la paresseuse, le premier roman de Gérard Lefort est l’histoire d’un gamin qui regarde sa famille à la loupe et l’étrille vaillamment. « Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois », écrit-il en ouverture de ses chapitres drôles, méchants, subjectifs et organisés à la manière de courts métrages. On se dit qu’il y a quelque chose de Jacques Tati dans ces récits d’apprentissage qui se donnent si bien la main. Le narrateur, entre 9 et 12 ans, n’est plus tout à fait un enfant, pas encore un ado, et n’épargne personne. Ni la maman vaguement alcoolique mondaine et gentiment cinglée, ni le papa bonasse et bourgeois, ni les deux frères et la petite soeur au prénom à la noix, tous cloîtrés dans une province ennuyeuse.

Gérard Lefort est un rêveur qui ne déteste pas les zones de turbulences et se console avec la beauté des jardins extraordinaires à la Trenet. On savait que l’ex-critique de cinéma à Libération avait de la plume et aucune pitié pour les médiocres, il réussit haut la main le passage à la fiction et n’oublie pas les scènes de films ou les chapitres de livres qui firent son éducation. Mais il n’est pas copieur, plutôt décalé, menteur et acide pour décrire les faiblesses humaines. Son héros choisit de s’évader, devenir muet, réécrire l’histoire du Titanic en jouant tous les rôles, comprendre le monde avec les albums de Tintin. Il nous fait souvent rire, ce garnement tout droit sorti de Mon oncle. Pourtant, c’est la mélancolie qui domine ses aventures forcément imaginaires, ou presque. — Christine Ferniot

 

Ed. de l’Olivier, 290 p., 18,50 €.

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