Les 10 Amours de Nishino

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Les 10 Amours de Nishino

Hiromi Kawakami a-t-elle vu L’Homme qui aimait les femmes, de François Truffaut ? Son personnage de Nishino rappelle beaucoup Charles Denner dans ce film. Même donjuanisme inquiet, même fausse légèreté masquant des angoisses morbides. Dix femmes qui ont succombé à ses charmes donnent leur vision de sa personnalité morcelée, insaisissable, magnétique. Bribes tranchantes de souvenirs, leurs récits sont succincts, d’une simplicité enveloppante, comme toujours chez cette romancière hantée par le thème de la disparition, attirée par les personnages irréels, captant les ondes secrètes des objets, de la nature. Un poisson rouge enterré dans un jardin, une cigale qui s’envole après un coup de pied, des herbes autour d’un toboggan. Tout bruisse et vibre à l’unisson des êtres dotés d’une intuition suraiguë. Existe-t-il même vraiment, ce Nishino qui se présente comme un « être humain fabriqué artificiellement » ? Passionnée par les réminiscences dont nous sommes tous porteurs, Hiromi Kawakami scrute le reflet de cet homme dans le regard de ses maîtresses. Achevées, effilochées, subsistantes ? Jamais on ne sait où en sont les amours de Nishino. Cette absence de repères, de certitudes, renforce les femmes qu’il aime, au lieu de les détruire. C’est ce qui fait la puissance de ce roman, au plus près des amoureuses, jamais victimes, toujours victorieuses, mues chaque jour par la conviction que « demain a commencé pour de bon ». — Marine Landrot

 

Nishino Yukihiko no koi to bôken, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu Ed. Philippe Picquier 208 p., 18,50 €.

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