L’Ennui. Histoire d’un état d’âme (XIXe-XXe siècle)

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L’Ennui. Histoire d’un état d’âme (XIXe-XXe siècle)

« La France est une nation qui s’ennuie. Vous avez laissé le pays manquer d’action », apostrophait, en 1839, en pleine monarchie de Juillet, Alphonse de Lamartine, du haut de la tribune de l’Assemblée. Plus d’un siècle plus tard, à la veille de Mai 68, le journaliste Pierre Viansson-Ponté signait dans Le Monde un article devenu célèbre : « Ce qui caractérise actuellement notre vie publique, c’est l’ennui. Les Français s’ennuient. […] La jeunesse s’ennuie. » Si l’ennui peut apparaître comme un sentiment permanent, vieux comme le monde, il est aussi pris dans les soubresauts de l’Histoire, et notamment dans les filets de la modernité qui s’est articulée à la charnière des xixe et xxe siècles : « Avec l’ennui de l’ouvrier, du citadin, de l’enfant, cet état d’âme se démocratise. Il quitte les sphères de l’aristocratie oisive, où les discours le cantonnaient le plus souvent au début du xixe siècle. » Ce livre kaléidoscopique, ­issu d’un colloque, éclaire différentes facettes du phénomène : de la médicalisation de l’ennui, à travers la neurasthénie, jusqu’à l’être au monde romantique, en passant par la perception du temps de travail ouvrier. Ou encore par la naissance du spleen dominical, dont Stendhal écrivait : « Je ne puis pas encore m’expliquer aujourd’hui, à 52 ans, la disposition au malheur que me donne le dimanche. Cela est au point que je suis gai et content ; au bout de deux cents pas dans la rue je m’aperçois que les boutiques sont fermées : Ah ! c’est dimanche me dis-je. A l’instant, toute disposition intérieure au bonheur s’envole. » L’histoire des idées se double d’une passionnante histoire des lieux : petite ville de province ; atelier et usine ; camps de prisonniers ; gendarmeries ; gares et salles des pas perdus, etc. Ici ou là, comme l’écrivait Théophile Gautier, deux choses au monde ne se peuvent commander : l’amour et l’ennui.

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