L’Enfant des marges

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L’Enfant des marges

Les pères et les fils. Qu’est-ce qui se trame entre eux d’irréparable ? Est-ce donc vrai que les fils tuent les pères ? Ou bien est-ce le contraire ? L’Enfant des marges, l’émouvant et fragile roman (un rien autobiographique ?) de Franck Pavloff, pose ces questions-là, aussi. Dans le dédale des squats de Barcelone, dans le vivier d’une jeunesse inventive et idéaliste qui refuse les renoncements et les trahisons des générations passées, Ioan est venu chercher Valentin, son fugueur petit-fils de 17 ans. Ioan fut un exceptionnel reporter de guerre, mais la mort accidentelle de son fils unique, une obscure et laminante culpabilité l’ont fait brutalement renoncer à la photographie. Il s’est exilé dans la solitude et le silence des Céven­nes pour purger sa peine. Et voilà qu’un coup de fil l’a rattrapé, signalant la disparition de Valentin dans la ville même où son propre père a mystérieusement disparu en 1938, quand la capitale de la Catalogne résistait héroïquement aux armées franquistes. De quel côté était justement ce père-là ? Du bon, du mauvais ? Les interrogations, les quêtes peu à peu se font écho. Passé et présent se conjuguent, comme si tout le cortège des trahisons, des abandons nouait tragiquement la lignée des pères et des fils. Sauf que la recherche de ­Valentin l’insoumis et les rencontres à l’ombre de la Sagrada Familia de Gaudí vont mystérieusement faire renaître le taciturne septuagénaire. A l’ombre, toute sensuelle, des jeunes rebelles de Barcelone, Ioan apprend à faire le deuil du père et du fils à la fois. Les deux sont-ils mêlés ? Presque en forme de poème, l’odyssée psychologique et spirituelle est troublante et belle. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Albin Michel 232 p., 18 €.

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