Didier Blonde est un écrivain qui chasse les images, mais avec une détermination délicate, comme s'il prenait soin de ne pas briser une plaque au gélatino-bromure d'argent et de ne pas effrayer les fantômes dont le regard hante les pellicules de nitrate. Les vieux films muets sont le territoire de ses textes, traversés de silhouettes masquées, captivantes comme Musidora, parfois anonymes comme L'Inconnue de la Seine.
Dans ce nouveau livre, il part à la recherche de Leïlah Mahi, née en 1894, probablement morte en 1932, comme semble l'indiquer une plaque dans le columbarium du cimetière parisien du Père-Lachaise. Leïlah Mahi est un visage aux yeux troublants, mystérieux et provocateur. Qui est-elle ? Un canular imaginé par les surréalistes ? Une femme fatale des Années folles, une actrice, une muse qui aurait inspiré les artistes dans les ruches bohèmes de la rue Campagne-Première ? Didier Blonde enquête, écrit aux services municipaux, à l'état-civil, à toutes les administrations. Il dépouille les archives, fait le tri parmi les pistes les plus improbables. Et il reconstitue le puzzle, hanté par cette photo qui le défie, cette femme aux faux airs de Garbo dont la beauté rivalise avec celle des actrices qu'on voit dans les pages de Cinémagazine. Leïlah Mahi est un fantasme vivant, qui conduit l'auteur, ce dormeur éveillé, à s'interroger sur les vraies motivations de son enquête et de sa fascination pour les images silencieuses.
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