Le Vin des morts

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Le Vin des morts

« On vit moins une vie que l’on est vécu par elle », déclarait Romain Gary en mai 1980 au journaliste québécois Jean Faucher, quelques mois avant de se donner la mort – il se suicida en décembre de cette même année. Près de trente-cinq ans plus tard, l’imminence connue de sa disparition donne à ce long entretien, aujourd’hui publié sous le titre Le Sens de ma vie, une dimension testamentaire : « Il faut le considérer comme le dernier état de son autobiographie », estime Roger Grenier dans la préface qu’il lui donne. Né le 8 mai 1914, il y a tout juste cent ans, Romain Gary avait 66 ans lorsqu’il dressa ce bilan d’une existence qu’il jugeait non pas choisie par lui, mais dirigée par l’Histoire, « qui m’a en quelque sorte embobiné ». L’Histoire en majesté, la façon dont elle a dicté celle de Gary lui-même, on sait tout cela, l’écrivain l’a maintes fois raconté, extrapolant volontiers pour en nourrir nombre de ses livres les plus remarquables – à commencer par La Promesse de l’aube (1960) – et sa propre légende. Mais on ne se lasse pas de réentendre décliner le récit de cette vie aventureuse, qu’ici il achève par de belles pages méditatives sur « les valeurs de tendresse, de compassion, d’amour » incarnées par le Christ, valeurs que cet agnostique revendiquait comme le message central de ses écrits.

Parallèlement à cet ultime examen de soi, le jalon initial de l’œuvre nous est aussi donné à lire : Le Vin des morts, premier roman de Gary, demeuré inédit jusqu’à ce jour. « Ou bien le livre d’un fou, ou bien d’un enragé », aurait déclaré Roger Martin du Gard, à propos de cette danse macabre écrite vers 1933 et envoyée à quelques éditeurs sous le nom de Romain Kacew – le vrai nom de l’écrivain. C’est comme une matrice de l’œuvre ultérieure, « un laboratoire d’idées » et de motifs, que Philippe Brenot invite à le lire aujourd’hui, dans une précieuse préface où il traque, dans les livres postérieurs de Romain Gary, et tout spécialement dans ceux signés Emile Ajar, les réminiscences de ce coup d’essai fantasque.

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