Est-ce un livre ? A sa lecture, tous les sens sont en éveil… On pénètre au coeur de la Chine des années 1950, à l’heure de l’expansion du collectivisme. Le bourg de Wali, au pied de la Grande Muraille, à l’est du pays, dans la province du Shandong, est célèbre depuis des générations pour sa production de vermicelles, réputés dans tout le pays. Un grand fleuve en favorisait le commerce. Il s’est tari. Une famille, propriétaire de longue date d’une fabrique, va affronter la révolution politique et sociale qui s’annonce. C’est le clan des Sui, trois frères et une soeur, dont la beauté est célèbre sur les deux rives…
Les bruits du quotidien, la meule d’un vieux moulin, les roues des charrettes, les voix des habitants, les sabots et les clochettes des chevaux donnent vie à ce foisonnant récit qui court jusqu’aux années 1980. Jours, nuits, ombres, éclats du soleil ne sont jamais ici un décor abstrait. Nature et village, amour et politique, violences et émerveillements, le lecteur pénètre peu à peu dans cette vibrante saga avec une curiosité historique, sociale, romanesque, sensorielle toujours recommencée. Et une attention de chaque seconde. L’intensité, la densité de l’écriture (remarquablement traduite), y est pour beaucoup, qui mêle les styles et les tons, le temps et le rythme tortueux d’une mémoire souvent en flash-back. Dans ce premier roman écrit à tout juste 30 ans (l’auteur en a aujourd’hui le double), peu importent la psychologie, les dialogues. Comptent les images, la matière des situations. C’est un étonnant livre-film.
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