Le silence même n’est plus à toi

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Le silence même n’est plus à toi

Emprisonnée en août dernier, puis remise en liberté provisoire le 29 décembre, après quatre mois et demi de mobilisation internationale, Asli Erdogan est devenue le symbole de la liberté d’expression bafouée dans la Turquie d’aujourd’hui. Son seul crime : écrire depuis trente ans sur les opprimés du monde entier. Des romans enflammés, poétiques, rageurs, où la prison tient une grande place. Mais aussi des articles incantatoires et engagés, notamment pour le journal pro-kurde Ozgür Gündem, qui lui ont valu sa récente incarcération. Réunies en un recueil préparé par Actes Sud dans une urgence louable (mais qui prive malheureusement le lecteur d’informations chronologiques et contextuelles), ces chroniques témoignent de la mission qu’Asli Erdogan s’est toujours fixée dans ses reportages : combiner littérature et journalisme. Rares sont les articles traversés par un tel souffle épique, par une telle exigence de vérité humaine. Qu’elle se penche sur le centenaire du génocide arménien, sur la tentative de coup d’Etat de juillet dernier, sur l’atteinte aux libertés des femmes, sur les crimes perpétrés par l’armée contre les civils kurdes, sa parole est toujours entière, hallucinée, incompressible. Elle émane d’une femme à vif et déterminée qui rêve d’une « écriture à même de susciter un grand cri qui recouvrirait toute l’immensité de l’Univers… Qui aurait assez de souffle pour hurler à l’infini, pour ressusciter tous les morts ». — Marine Landrot

 

Le silence même n’est plus à toi (Artik Sessizlik Bile Senin Degil), traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, éd. Actes Sud, 170 p., 16,50 €.

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