Le présent infini s’arrête

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Le présent infini s’arrête

« C’est le récit de vies difficiles, méconnues, à la marge », écrit Mary Dorsan, dans la postface de son premier roman. Elle y raconte le quotidien dans un appartement thérapeutique pour adolescents malades, dont la société ne veut pas. Mary Dorsan est un pseudo, Caroline est la narratrice. Infirmière en psychiatrie, Mary-Caroline décrit ces « vies difficiles », la complexité des rapports entre adolescents et soignants, la puissance et la fragilité de ces relations. Le récit démarre avec Thierry, qui étale ses selles et son sang sur le mur des toilettes. Derrière lui, Constant, l’homme de ménage, nettoie, tous les jours ou presque — et plus Constant lave, plus Thierry s’essuie sur les murs. Il y a ­aussi Romuald, Jonathan, Aurélie, Hisham…, qu’il faut entourer, écouter sans les quitter des yeux, apaiser souvent. Parfois, les soignants sont fatigués, et le sommeil les fuit. Eux ont aussi leur vie, les courses à faire, le repas du soir à préparer — rentré chez soi, il s’agit de tenter de gommer la journée.

Le présent infini s’arrête n’est pourtant pas un témoignage, ou un ouvrage technique médical. Mais bel et bien un roman, plein d’empathie, de doutes et de réalité sur des êtres vivants et souffrants ; un récit traversé par la violence, la douleur et l’espoir. Mary Dorsan donne une (belle) voix à ceux qui n’ont jamais la parole. Elle nomme, elle nuance, elle s’emploie à dire la vulnérabilité de chacun. « Soigner ? Guérir ? Accompagner ? Espérer ! Persévérer ! Tenter. Abandonner parfois », écrit-elle. Dans cet immeuble parisien, certains n’ont d’autre moyen pour s’exprimer que les hurlements ou la merde étalée sur le mur des toilettes. — Christine Ferniot

 

Ed. P.O.L, 720 p., 24,90 €.

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