Le Nord, c’est l’Est

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Le Nord, c’est l’Est

Quel est le comble pour un géographe de formation comme Cédric Gras ? Perdre le nord. « J’ai la nette impression d’être tombé de la carte », lâche-t-il à Kyzyl, sur le plateau mongol de Russie. Comme son comparse Sylvain Tesson, avec lequel il fait un bout de chemin à la fin du livre, Cédric Gras sait voyager léger, dans tous les sens du terme. Il défriche ici le sens dessus dessous extensible du nord de l’ex-URSS, plus ressenti que cardinal — question de climat, d’humeur, de mémoire. Le nord est partout, « céleste », comme le dit le titre plaisantin, c’est-à-dire la tête ailleurs, pour oublier qu’il est oublié. Comme un oiseau à qui on a dit : « gazouille ! » (« accélère ! », en russe), mais qui tient à prendre son temps pour ­regarder, l’auteur migrateur volette de village en village, sur les traces des détenus de la Kolyma comme des acteurs de Dersou Ouzala. Aussi captivant et bien écrit que son précédent Vladivostok, neiges et moussons, ce récit de voyage appelle au don total de soi. Dans une époque où « nous sommes tous devenus des émetteurs de réserves, de circonspects spectateurs, des lâches de l’amour », il montre que la lucidité jaillit souvent de l’éblouissement.

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