Le Front national de 1972 à nos jours, Le parti, les hommes, les idées
« On fera une fournée la prochaine fois » : le dernier « dérapage » de Jean-Marie Le Pen, réagissant au refus de Patrick Bruel de se produire dans les villes FN, quelques jours seulement après les succès électoraux de son parti, illustre une nouvelle fois la schizophrénie de celui-ci, tiraillé entre dédiabolisation et radicalité. Une constante qui traverse toute l’histoire du Front national, comme le montre brillamment l’ouvrage de Valérie Igounet, spécialiste de l’extrême droite et du négationnisme. Lutter contre le « système » et tout faire pour s’y intégrer, voilà le paradoxe de ce parti, créé à l’automne 1972.
Valérie Igounet, qui a travaillé sur de nombreux documents d’archives, mais aussi des entretiens récents avec les grandes figures du parti, Jean-Marie Le Pen notamment, retrace par le menu l’histoire du Front national jusqu’à la période la plus récente. Les hommes, les idées, les stratégies. L’ouvrage est précieux au moment où le FN est devenu un acteur majeur de la vie politique française. Précieux en particulier car il démythifie l’évolution de ce parti, qui a su profiter du contexte de crise économique et sociale. Depuis 1995, par exemple, fort de son succès auprès des classes populaires, le FN a substitué à son discours libéral une critique virulente de la mondialisation et des inégalités qu’elle engendre. Valérie Igounet montre à cet égard l’opportunisme de ce parti qui n’a changé qu’en apparence, dans sa communication essentiellement. Pour le reste, et quoi qu’en dise Marine Le Pen, le FN demeure un mouvement d’extrême droite.
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