Le Disciple de Doraku

Ajouter un commentaire

Le Disciple de Doraku

L’humour nippon est une terra incognita. Pour la plupart des Occidentaux, il se résume à d’étranges jeux télévisés où les candidats subissent les derniers outrages, ou à des gags potaches, souvent en dessous de la ceinture. Il y a pourtant d’autres manières de rire dans l’archipel. Amateurs de bons mots et d’histoires drôles, les Japonais en ont même fait un art : le rakugo. A Tokyo et à Osaka, les théâtres qui accueillent chaque jour plusieurs représentations ne désemplissent pas. Shota, pourtant, n’y a jamais mis les pieds. Pour le trentenaire, ces types en kimono qui racontent des histoires, assis sur des coussins, sont des reliques du passé. Lorsqu’il est contraint d’y accompagner sa tante, c’est une révélation. Subjugué, emporté par la puissance de maître Doraku, le jeune éducateur décide de tout lâcher pour devenir son disciple…

Sur la trame classique du récit d’apprentissage, Akira Oze parvient à nous tenir en haleine avec une histoire qui se déroule essentiellement à huis clos. Surtout, ce manga nous fait pénétrer un jardin secret – des lieux, une discipline d’ordinaire inaccessibles à qui ne maîtrise pas la langue de Murakami. Apparu au vie siècle, le rakugo est un art de la scène et du verbe porté à sa quintessence. Ici pas d’esbroufe, de jeux de lumière ou de déambulations comme dans le stand-up, tout passe par une parfaite maîtrise de la voix, du corps et de la mécanique subtile qui lie les mots aux émotions. Comme le montre habilement Akira Oze, les plus grands maîtres n’ont besoin que d’un éventail et d’une serviette pour faire ex nihilo apparaître un décor et des personnages. Vertige de la scène et du théâtre, abolition du temps et de l’espace, que ce manga nous fait partager au plus près. Vivement le second volume !

Commandez le livre Le Disciple de Doraku

Laisser une réponse