Le Crépuscule de la France d’en haut
Les bourgeois du second Empire dépeints par Emile Zola se déguiseraient aujourd’hui en hipsters… Ces derniers assument mal leur position dominante, à la différence de leurs aînés. Affichant une ouverture de façade, un goût pour la diversité et le vivre-ensemble, ces bobos des villes, qui rêvent en fait de vivre entre eux, participeraient à la « désaffiliation sociale et culturelle des classes populaires ». L’Hexagone est ainsi clivé en deux : la France métropolitaine privilégiée et la France périphérique reléguée (celle des zones rurales et des villes petites et moyennes). C’est la thèse défendue par Christophe Guilluy dans Le Crépuscule de la France d’en haut, qui prolonge Fractures françaises et La France périphérique.
L’auteur, qui se dit géographe (sans affiliation) et abhorre le monde universitaire et médiatique (il règle ici des comptes), poursuit sa critique — dans le sillage d’un Jean-Claude Michéa — de l’abandon par la gauche des classes populaires. Le terrain social aurait été délaissé au profit d’une « question ethno-culturelle ». Le grief est connu au sein d’une gauche « réac » qui croise volontiers certaines thèses du FN. Tenant la mondialisation en horreur, Guilluy se décrédibilise en agitant l’épouvantail de ce qu’il nomme, avec dégoût, la société « américaine » (les guillemets sont les siens), sans une once de connaissance : Désormais « banale », la France serait « devenue une société « américaine » comme les autres, inégalitaire et multiculturelle ». Contre la banalité, la science a parfois du bon. — Juliette Cerf
Ed. Flammarion, 256 p., 16 €.
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