Le Constat

Ajouter un commentaire

Le Constat

Abel a fui la maison de retraite où il dépérissait et a rendez-vous avec un passé douloureux. Un trentenaire aux abois, Vincent, fuit des malfrats qu’il a cru pouvoir doubler. Embarqués sur les routes dans un break à bout de souffle, en compagnie d’une auto­stoppeuse, Rose, qui, elle, fuit la routine d’une vie trop vite tracée, ils foncent vers l’inconnu, avec promesse de désillusions en rafales. En imaginant le parcours de ce trio plutôt désaccordé, Davodeau installe un récit où l’action commande des figures de style plus ou moins imposées. Il montre une réelle habileté à construire, en forme de road-movie, une intrigue profuse sans rien perdre ni en fluidité, ni en suspense. Pourtant, avec ce roman dessiné publié une première fois en 1996, Davodeau, alors quasi-débutant, outrepasse les règles du genre pour installer un climat émotionnel et laisser filtrer des résonances sociales qui préfigurent l’oeuvre à venir, et son credo en filigrane : les meilleures histoires sont celles des gens qu’on dit sans histoire. Il met progressivement à nu des personnages qui en ont à raconter sur la vie comme elle va (pas si bien), et propulse un excellent scénario au-delà de ses apparences. Là où, chemin faisant, il ménage de ces petits interludes d’humanité élémentaire et de solidarité sans phrases, qui peuvent aider à s’en sortir sans trop de dégâts. Ou au moins en entretenir l’espoir.— Jean-Claude Loiseau

 

Ed. Dargaud 100 p., 15,50 €.

Commandez le livre Le Constat

Laisser une réponse