Le Cinquième Beatles

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Le Cinquième Beatles

« Le cinquième Beatles dirait que, s’il avait dû être l’un des quatre autres, il aurait sans doute été John Lennon, parce qu’il était le plus doué pour la controverse, et parce qu’il aurait bien fini par se faire tuer, lui aussi. » Pour ceux dont le télescope n’était pas braqué sur les moindres remous de la culture anglaise des années 1960 et 1970, pour ceux qui n’étaient pas en âge d’être frôlés par sa légende, précisons que le « cinquième Beatles » n’est pas un musicien, mais un footballeur. Son nom est célèbre, il sonne bien – George Best, personnage flamboyant et tragique, joueur de génie, angélique et crâneur qui, sur un coup de sang, pouvait « dribbler ses adversaires à contresens et remonter le terrain comme un saumon ».

Comme les quatre garçons gouail­leurs de Liverpool, Best était un jeune prolo à l’accent raboteux et au charme impossible. Il venait de Belfast, portait haut les couleurs de Manchester et donnait le tournis au Swinging London qui tanguait déjà pas mal sans lui. En 1968, « il avait roulé dans trois Jaguar Type E bleu nuit, une Ferrari, une Rolls blanche ». Son salaire donnait le vertige, sa gloire aussi. Trois secrétaires à plein-temps répondaient à son courrier. Pour Vincent Duluc, qui tire de sa vie un roman débordant de verve et de mélancolie, le footballeur était un Casanova timide et tourmenté qui divisait le monde en deux : « Les hommes voulaient être George Best, les femmes voulaient George Best. La vie était bien faite, la moitié du monde, à peu de choses près, a eu ce qu’elle voulait. »

A l’ordinaire, Vincent Duluc exerce un artisanat littéraire d’un genre particulier. Il écrit les commentaires de matchs dans L’Equipe. Son terrain est borné par le format des articles et la communication glaçante du football moderne. George Best, sur lequel il fait une fixette depuis l’enfance et les premières excursions en Angleterre, lui communique sa liberté. Des premiers tours de passe-passe à Manchester aux ultimes dérives alcooliques – Best est mort en 2005, à 59 ans –, il tire un récit tourbillonnant qui se nourrit du vertige (et de l’enfer) des conquêtes : « En soirée, en match ou au lit, je suis créatif. Je veux être le meilleur, que personne ne marque plus que moi, ne boive plus que moi, n’ait plus de femmes que moi, sur tous les terrains, je suis le dernier homme debout. » 

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