Le Censeur

Ajouter un commentaire

Le Censeur

Historienne de la littérature du xixe siècle, spécialiste d’Emile Zola et de Victor Hugo, Clélia Anfray s’intéresse également à la censure dramatique. En février 2011, dans une communication au groupe Hugo de l’université Paris-VII, elle publiait ainsi une étude acérée sur les relations entre Victor Hugo et l’un de ses censeurs, Charles Brifaut. « Classique, royaliste et profondément chrétien », rétif à la nouveauté et particulièrement aux romantiques, Brifaut représentait ainsi tout ce que Hugo ­détestait.

Clélia Anfray se délecte à le mettre en scène dans ce troisième roman, avec le talent qu’on lui connaît pour le portrait et la satire. Librement inspiré de la vie de ce parfait courtisan — « Monsieur l’Académicien », comme il aimait qu’on l’appelle —, lui-même dramaturge, Le Censeur entraîne le lecteur dans les coulisses du pouvoir sous Charles X et bien sûr dans celles du Théâtre-Français. C’est peu dire que cette lecture est un régal de fantaisie et de malice autant qu’une passionnante ouverture sur les mécanismes et l’idéologie de la censure à l’époque. La langue épouse avec vivacité celle du temps, puis le roman bascule subtilement quand apparaît un curieux personnage, évanescent et gris, qui va prendre une place grandissante au côté de Brifaut. Le réalisme se teinte alors de fantastique, Clélia Anfray emprunte à Gogol et E.T.A. Hoffmann, mêle les genres avec une belle habileté. Vient la chute annoncée d’un homme plus complexe qu’il n’apparaissait. Lui-même censuré au début de sa carrière, Brifaut, à la différence d’Hugo, n’y a pas survécu. — Michel Abescat

 

Ed. Gallimard, 304 p., 17,90 €.

Commandez le livre Le Censeur

Laisser une réponse