Une voiture affamée, un gamin démoniaque, des textes qui tuent, une liseuse électronique ouverte sur des univers parallèles… A l’étalage de ce Bazar des mauvais rêves, on retrouve la « marchandise » fétiche de King, ses épouvantails, ses victimes, ses bourreaux ordinaires, mais aussi son humour noir, son formidable talent de conteur, et même son amour fou pour la littérature américaine (l’une des histoires les plus cruelles du volume, « Premium Harmony », est un brillant exercice de style en hommage à Raymond Carver).
Si on est immédiatement mordu de ces vingt nouvelles qui « ont des dents », comme il est écrit dans une malicieuse introduction, c’est aussi parce que le maître de l’épouvante nous accompagne constamment en personne. L’homme a toujours adoré s’adresser à ses lecteurs — parfois au long d’un livre entier, comme dans Ecriture, mémoire d’un métier. Ici, il joue le jeu de la connivence une nouvelle après l’autre, révélant pour chacune, dans une mini-préface, ses secrets de fabrication et ses éclairs d’inspiration, égrenant quelques souvenirs, de ses années d’études jusqu’au spectaculaire accident de voiture qui faillit lui coûter la vie. Une chaleureuse expérience de « littérature commentée », une berceuse complice au seuil des « mauvais rêves ». — Cécile Mury
The Bazaar of bad dreams, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Océane Bies et Nadine Gassie, éd. Albin Michel, 608 p., 23,90 €.
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