Le Bateau-usine

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Le Bateau-usine

Mer d’Okhotsk, au nord du Japon, dans les années 1920. Embarqué pour une campagne de pêche au crabe aux limites des eaux territoriales soviétiques, l’équipage du Hakkô-Maru ne sait pas qu’il fait route vers l’enfer. Battue par les vents sibériens, capricieuse, hostile, cette zone s’avère périlleuse pour un pareil rafiot. Pourtant, ce n’est rien en comparaison de la vie à bord. Entassés dans des chambrées puantes, livrés à la vermine, affamés, marins et ouvriers de ce navire-usine travaillent dans des conditions inhumaines. Obsédé par la productivité, l’intendant du bateau, le tout-puissant Asakawa, impose des cadences intenables et n’hésite pas à frapper et châtier en public les « tire-au-flanc ». Sourde et puissante comme une lame de fond, la colère ne cesse d’enfler…

Publié en 1929, Le Bateau-usine est considéré — à raison — comme le chef-d’oeuvre de la littérature prolétaire et contestataire nippone. Très bien documenté, nourri des témoignages des rescapés de ces prisons flottantes, le roman de Takiji Kobayashi a été longtemps censuré dans l’archipel. Cette charge contre le capitalisme et sa propension à pressurer les travailleurs a d’ailleurs valu à son jeune auteur une fin précoce. Il meurt à 30 ans, en 1933, à l’issue d’un interrogatoire mené par la police politique. S’il a édulcoré ou passé sous silence certains passages trop scabreux ou obscènes pour figurer dans un manga tout public, Gô Fujio, dans cette adaptation, a parfaitement rendu le souffle âpre et l’originalité narrative de l’oeuvre originale (1.) Dans cette histoire sans personnages principaux, seuls importent le groupe et la façon dont se propage peu à peu la révolte, ultime point de fuite pour tous les damnés de la terre. — Stéphane Jarno

 

(1) Le roman est reparu l’an dernier aux éditions Allia.

 

Traduit du japonais par Miyako Slocombe, éd. Akata, 185 p., 7,95 €.

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