La Vie intense. Une obsession moderne

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La Vie intense. Une obsession moderne

Vitesse, progrès, croissance, accélération, optimisation, etc. Les bracelets connectés en sont la preuve ultime : tout est aujourd’hui fait pour que nous contrôlions l’intensité de notre existence « qui va et vient, tel un petit chariot lancé en boucle sur des montagnes russes ». Puissance qui organise le monde capitaliste, l’intensité est devenue un principe de vie, explique Tristan Garcia dans son nouvel essai La Vie intense. Une obsession moderne. Le philosophe et romancier, né en 1981, rappelle d’abord comment le courant électrique a, à un moment donné, remplacé l’écoulement de la rivière en tant qu’image du devenir : « L’électricité est devenue une sorte d’eau invisible, nichée au coeur même de la matière, et qualifiée dans un premier temps de « fluide subtil » : une eau de feu donc, mêlant les qualités de la première (mouvement et fluidité) à celles du second (chaleur et lumière), afin de former une énergie inédite. » A partir du XVIIIe siècle, la modernité, ainsi, est devenue électrique.

Cette fée électricité a inauguré l’ère de l’intensité. Jusqu’à son épuisement, dans la routine, par exemple ? « Vouloir augmenter notre vie ne conduit plus qu’à la diminuer », tranche le méta-physicien qui explore deux voies possibles. La neutralisation de l’intensité dans la sagesse — « Etre sage, c’est en effet être égal, éviter les hauts pics et les creux profonds de ses humeurs et de ses passions. C’est travailler à la désintensification systématique de soi » — ou sa transfiguration dans une promesse de salut, « état de l’existence supérieur et souverain, où les intensités ne varient plus jamais ». Garcia les rejette finalement pour célébrer la chance d’être vivant. — Juliette Cerf

 

Ed. Autrement, coll. Les grands mots, 208 p., 14,90 €.

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