La Vie après la peine

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La Vie après la peine

« Les prisons sont pleines de bruits mais avares de parole. » Idem pour la vie après la peine, pourtant censée se dérouler au grand jour. Chaque année, en France, ils sont entre 80 000 et 90 000 à sortir de prison, mais, mis à part quelques militants (1) , les anciens détenus crient rarement sur les toits qu’ils ont vécu dans neuf mètres carrés. C’est pour « faire émerger une parole » que le magistrat Serge Portelli et la journaliste Marine Chanel ont écrit La Vie après la peine. La modestie affichée du projet, assortie de bon sens et non d’angélisme – « on condamne quelqu’un à la prison pour qu’il en sorte un jour (en tout cas depuis l’abrogation de la peine de mort) » –, est à la hauteur de la qualité du document, qui rassemble quatorze témoignages de prisonniers. A chacun d’eux est assortie une question particulière, comme les longues peines ou le suivi des délinquants sexuels. La « désistance » y est expliquée (l’idée que le détenu peut se déprendre du crime), sans que l’impasse soit faite sur la récidive, 46 % retournant en prison dans les cinq années suivant leur libération.

Au-delà des chiffres, c’est le vécu des détenus qui fait mouche : les échos qui se tissent entre ces cas si divers, l’impossibilité de réduire ces vies à un profil-type. Ainsi quand Michel, pédophile en liberté conditionnelle, voit des surveillants partout, Thierry, père incestueux, passe sous silence sa détention : « A part les gendarmes, il n’y a personne qui sait. Le passé c’est du passé, fermez les portes. » Max, lui, trafiquant multirécidiviste sauvé par le gospel, donne de la voix : « La prison fait partie de la société, elle ne doit pas être une poubelle de la République. »

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