La traînée

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La traînée

18 €

Roman (broché). Paru en 11/2015

La traînée

Zaven Biberian, Hervé Georgelin

Roman de la vie urbaine stambouliote, La traînée esquisse le
crapuleux consensus social et intercommunautaire visant à ostraciser
une jeune fille pleine de vie, Gulgune. Celle-ci a le tort
d’être une pièce rapportée, une enfant adoptée, dans le quartier
protégé du Kadikeuy des années 1950. Or on n’adopte jamais
pleinement dans cette société, quelle que soit la communauté
considérée. Elle a aussi le tort d’être une jeune femme. Et Gulgune
désire être une jeune fille semblable à celles qui l’entourent.
Elle veut s’habiller à la mode et lit les magazines d’inspiration
occidentale qui fascinent les jeunes de son âge, dans le milieu
où elle vit sans y appartenir tout à fait. Les hommes mais aussi
les femmes du quartier sentent bien que la jeune fille est entrée dans un âge agité, porteur d’élans qui pourraient leur échapper.
Tous y vont de leur convoitise ou de leur jalousie envers cette
Anatolienne sans réelle assise sociale dans la grande ville.
Le livre nous transporte dans une société aux prises avec ses
contradictions entre ordre patriarcal et diffuse volonté d’émancipation,
tradition urbaine et bouleversements économiques,
politiques et démographiques. Bibérian laisse entendre que les
Arméniens stambouliotes sont semblables à s’y méprendre à
leurs voisins turcs, surtout quand ils appartiennent à la même
classe sociale. Bibérian saisit sur le vif la violence des rapports
entre générations, entre sexes et entre communautés malgré le
calme apparent de la rive asiatique stambouliote.

Zavèn Bibérian est né après le génocide qui élimina presque
toute présence arménienne de ce qui allait devenir l’Anatolie
turque. Il collabora dans les années 1940 dans différentes
revues engagées où il publie notamment « Al gi pavé» (« Maintenant,
ça suffit ! ») qui dénonçait les décisions et les publications
anti-arméniennes, article pour lequel il fut emprisonné
et inculpé. Il quitta la Turquie en 1949 pour aller travailler à
Beyrouth où les conditions de vie furent si difficiles qu’elles le
motivèrent à rentrer à Istanbul en 1953. Son retour en Turquie
fut accompagné d’un clair engagement politique. En 1968, il
fut élu au conseil municipal d’Istanbul dans lequel il fut adjoint
au président du conseil. À sa carrière de publiciste, Bibérian
conjugua une activité littéraire. Il publia plusieurs romans
: La traînée en 1959, La mer en 1961, Les amoureux désargentés
en 1962 et Le crépuscule des fourmis en 1984. Il meurt prématurément
à l’âge de 63 ans.

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