La Société de la fatigue

Ajouter un commentaire

La Société de la fatigue

« Par manque de repos, notre civilisation court à une nouvelle barbarie. » Ces mots ne sont pas qu’un éloge de la paresse, mais un cri d’alarme lancé par le philosophe allemand d’origine coré­enne Byung-chul Han. Sa lecture pathologique, économique et spirituelle de notre société de la performance connut un succès fulgurant à sa sortie outre-Rhin en 2010. Merci aux éditions Circé de traduire ce texte hardi, qui examine avec une limpidité pénétrante ce que nous savons déjà, au fond. La société de la discipline d’hier, dans ses excès de règles et de frontières – de négativité, donc –, a engendré fous et criminels, maîtres et esclaves. Elle avait ses thérapeutes et ses révolutionnaires. La nôtre, qui génère burn-out ou dépressions, se consume d’elle-même.

Pas de remède ni de révolte possibles puisque, par excès de positivité, nous nous croyons « libres » de travailler… jusqu’à l’épuisement. Par plaisir de se réaliser soi-même, se dit-on. Pour plus de rentabilité économique, en réalité. « L’excès d’accroissement des performances mène à un infarctus de l’âme. » De fait, l’hyperactivité « multitâche » de l’Animal laborans postmoderne le rapproche de la bête aux aguets. Or, « c’est à une attention profonde et contemplative que nous devons les productions culturelles de l’humanité. » Au final, la « société de la fatigue » du titre se révèle, non pas la fin programmée, mais l’issue possible. Elle n’est pas celle, mortifère, du sujet performant épuisé par la guerre qu’il se livre pour être à la hauteur de son moi hypertrophié, mais cette saine fatigue qui fait reconnaître l’altérité, s’abandonner au monde et écouter l’« oiseau de rêve ».

Commandez le livre La Société de la fatigue

Laisser une réponse