Sur la côte, au bord de la dune rongée par l’Atlantique, Carri ressemble pendant les mois d’hiver à un village endormi. Quatre cents habitants, une boulangerie, une poignée d’hôtels fermés. Mais dès le printemps, et jusqu’à la fin de l’été, c’est l’affluence. Au marché, les camelots sont de retour. Parmi eux, nouveaux venus, Bruno, Jeanne et leur fils qui vendent des bijoux. Mais il faut d’abord se faire adopter par la tribu : la vendeuse de fruits et légumes, le patron de la buvette surnommé Château-Migraine, le boucher, le peintre, le vendeur de sifflets…
Eric Holder les décrit l’un après l’autre en aquarelliste délicat. Sous un soleil de plomb, il observe la ronde silhouette d’une jeune femme qui cherche l’ombre et la fraîcheur. Il surveille d’un oeil les belliqueux, les rêveurs, les amoureux transis, croquant toute cette société ambulante. Virtuose et modeste, il détaille un quotidien savoureux où chacun apprend à se taire quand il faut, pour punir les jaloux et même les faire disparaître au nez et à la barbe de la gendarmerie. Un matin plus frais, Jeanne et Bruno replieront leur étal. Ils laisseront la place aux habitants permanents du village, emportant avec eux des parfums d’aventure et de grillades sur la plage. Mais ils reviendront l’année prochaine, assurés d’appartenir à la famille des saisonniers. Et nous les attendons déjà. — C.F.
Ed. du Seuil, 320 p., 18,50 €.
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