La Puissance du détail

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La Puissance du détail

Grand amateur de détails, que son oeil aiguisé traquait dans les toiles, l'historien de l'art Daniel Arasse avait malicieusement intitulé l'un de ses livres On n'y voit rien (2000). En un amical écho, Jean-Claude Milner voulait nommer le sien : On n'y comprend rien… Le philosophe-linguiste a finalement ­opté pour le plus limpide La Puissance du détail. Ce nouvel essai réunit une dizaine de textes – certains inédits, d'autres déjà publiés dans des revues –, prenant tous pour objet une phrase ou un fragment philosophique. Ainsi la célèbre citation de Karl Marx, « La religion est l'opium du peuple », ou ces énigmatiques dernières paroles de Socrate : « Criton, nous devons un coq à Asclépios. Payez cette dette, ne soyez pas négligent. »

Jean-Claude Milner nous avait prévenus dès son excellente introduction, dans laquelle il met en lumière ses textes parfois ardus, conduits comme des enquêtes policières : « Si le fragment est bien connu, le rendre à son étrangeté. S'il passe pour limpide, le ramener à ses obscurités »… Plutôt que de vouloir faire sens à tout prix, comme tous ces manuels ou ces experts si banals qui veulent nous expliquer le sens de la vie ou nous livrer les clés du monde, Jean-Claude Milner assume ainsi l'« incomplétude », la « découpe », bref fait « apparaître les coups de ciseau ». Il en va d'une attitude philosophique et politique, active et vivante : celle qui fait du discernement le maître mot (car discerner, c'est percevoir distinctement, sortir de la confusion), et qui préfère à la généralité un peu molle et trop générale du « savoir » la fragmentation plus fine de la « culture », qui n'est « rien de plus et rien de moins qu'une poussière de phrases et de mots » à s'approprier, à « démonter et remonter ». Pour une histoire rapprochée de la pensée…

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