Dans quelques mois, la Première Guerre mondiale va balayer l’univers ici exposé par la Britannique Isabel Colegate (née en 1931). Mais pour l’instant, à Nettleby Park, chez sir Randolph, le respect des rites occupe l’essentiel des énergies de l’hôte et de ses invités : changer de tenue cinq fois par jour, se rendre aux garden-parties, décompter les lièvres et les bécasses tués dans la journée, s’ennuyer avec élégance dans le manoir où s’affairent les domestiques… Les protagonistes sont réunis pour un huis clos de vingt-quatre heures : il y a là lord Hartlip, excellent tireur, et son épouse frivole ; sir Hergesheimer, banquier juif richissime ; avec eux la jolie Olivia Lilburn, de beaux jeunes gens, sans parler des serviteurs, des rabatteurs. Tous vont tenter d’être à la hauteur de l’événement : la partie de chasse. Mais Isabel Colegate, héritière d’une grande famille, n’est pas une simple observatrice des moeurs. Elle crée un suspense, laissant monter une inquiétude qui s’oppose à la vacuité des modes de vie. Le drame surviendra de façon inattendue, suggérant l’évolution prochaine de ce monde aristocratique déclinant… Julian Fellowes, l’auteur de Downton Abbey, en outre scénariste du Gosford Park de Robert Altman, évoque en préface l’importance d’Isabel Colegate sur son inspiration. Dans cette Partie de chasse (écrite en 1980), elle dresse le constat subtil, cruel et ironique d’une fin de règne irréversible. — Christine Ferniot
The Shooting Party, traduit de l’anglais par Elisabeth Janvier, éd. Belfond, coll. Vintage, 320 p., 15 €.
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