La nuit nous grandissons

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La nuit nous grandissons

On est vraiment crétin quand on a 17 ans… Immature aussi, obsédé par le sexe et les drogues qu’il faut tester sous peine de perdre son aura auprès des filles et des copains. Jasper Wolf est un adolescent particulièrement réussi dans le genre égoïste et manipulateur. Il vit chez sa mère et son beau-père qu’il accuse de meurtre, change de petite amie en se débarrassant sans ménagement de la précédente. Les fêtes qu’il organise ressemblent à des orgies, et le lycée est dans sa vie un lieu négligeable. Pour Jasper et ses potes, l’existence n’est qu’un jeu vidéo doublé d’un film porno. Cependant, derrière ce quotidien distendu, se dévoile peu à peu autre chose : des parents qui perdent pied, des enseignants largués, une petite ville sans avenir, l’énorme ennui d’une jeunesse qui s’invente des vies à répétition pour effacer le monde réel.

Au fil du roman, Jasper se révèle un gamin perdu, qui regarde le premier épisode de Harry Potter en mastiquant du pop-corn sous sa couette… Ben Brooks avait 17 ans, lui aussi, lorsqu’il écrivit La nuit nous grandissons. Avec une maturité impressionnante, doublée d’un humour potache, il rédige un journal autodestructeur qui colle au plus juste à la réalité d’une génération fin de siècle. Son écriture provocante est d’une rugosité sans apparat. « Je suis Holden Caulfield dans L’Attrape-coeurs, mais en moins irresponsable et en beaucoup plus beau », s’écrie Jasper, tantôt cynique, tantôt pitoyable, mais toujours paumé dans son monde paranoïaque. Depuis ce premier livre, paru en 2011, l’Anglais Ben Brooks (né en 1992) a déjà écrit cinq autres romans.

— Christine Ferniot

 

Grow up, traduit de l’anglais par Marie de Prémonville, éd. La Belle Colère, 272 p., 19 €.

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