La Musique au pas. Être musicien sous l’Occupation

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La Musique au pas. Être musicien sous l’Occupation

Considérée comme une source d’émotions plutôt que d’idées, la musique serait-elle apolitique par essence, comme le suggérait Sartre ? Et peut-on, sans conséquences, jouer une symphonie ou un opéra avec ou devant ceux qui écrasent son pays, accepter leurs invitations, s’accommoder de leurs exigences ? Cette question-là, névralgique, infuse La Musique au pas, remarquable synthèse de la vie musicale en France sous l’Occupation. ­Karine Le Bail, chercheuse au CNRS et productrice sur France Musique, y reprend et développe sa thèse de doctorat. Intense avant guerre, l’activité musicale en France et en Allemagne ne diminua pas après 1940, bien au contraire. L’auteure explique comment Vichy et les nazis placent le répertoire classique et ses interprètes au service de leur propagande. Elle dissèque le rôle crucial de la radio, « au coeur des dispositifs du pouvoir et, de fait, directement productrice d’idéologie », et constate le zèle mis à chasser les musiciens juifs des salles, des antennes et du Conservatoire. Pour évoquer la résistance musicienne (limitée), elle choisit de s’attarder sur les errements typiques d’un Pierre Schaeffer, et sur la trajectoire exemplaire de la compositrice Elsa Barraine. Le chapitre de l’épuration, enfin, montre une différence notable d’appréciation entre le jugement des professionnels et celui des pairs. D’une lecture très agréable, cet essai captivant n’intéressera pas que les mélomanes. — Sophie Bourdais

 

CNRS Editions, 440 p., 27 €.

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