La Mesure de la dérive

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La Mesure de la dérive

Jacqueline a sa fierté, c’est tout ce qu’il lui reste. Jamais elle n’ira récupérer dans la poubelle un sandwich entamé. Ou alors, à la nuit tombée, lorsque les touristes sont rentrés chez eux. La tête qui tourne, le ventre vide, la peur d’être arrêtée, voilà son quotidien. Une vie qui tient dans un petit sac à dos et des dizaines de souvenirs effrayants. Jacqueline s’installe sur le sable, l’air dégagé, comme si elle attendait le retour de ses enfants et de son mari. Et, quand la plage se vide, elle y trouve parfois de quoi tenir un jour de plus : une bouteille d’eau, une barre chocolatée…

Opposant avec subtilité la beauté solaire de l’île grecque de Santorin à la solitude de son héroïne, Alexander Maksik parvient à exprimer le désarroi de clandestins arrachés à leur passé et dérivant lentement vers l’inconnu. Peu à peu, le lecteur saisit quelques informations : une existence heureuse au Liberia, une famille aisée, aimante, puis les changements à la tête du pays, l’arrivée au pouvoir de Charles Taylor – qui, plus tard, sera condamné pour crimes contre l’humanité. La Mesure de la dérive, deuxième roman de l’Américain Alexander Maksik (né en 1972), n’est pas un livre politique, mais une fiction poignante sur la solitude et le sentiment d’abandon d’une émigrée, qui tente d’échapper au cauchemar en survivant au jour le jour. Le parti pris du monologue intérieur confère une grande puissance d’évocation à ce livre hypnotique, qui jamais ne glisse vers la molle empathie.

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